Vous trouverez ici, en rapport avec la rubrique "Actualités" du Mémorial virtuel ou d'autres parties du site, une série de dossiers thématiques abordant diverses questions spécifiques en rapport avec l'histoire et la mémoire de l'esclavage.
Sur l'excellent site "Tambours battants", voir les pages consacrées au Bèlè et au Gwoka
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Clara et les majors (Réal. : Guy Deslauriers, sur un scénario de Patrick Chamoiseau), document sur le tambour Bèlè (Kreol Productions / France Télévisions, 2013).
Édouard Glissant, Les grands chaos,
"Bayou", Poèmes complets, Gallimard 1994
Bélès Boutous Mont-à-Missié
Assuré pas peut-êtrement
Falaise à vent, Grand dégorgé
Rache-fale qui prend balan
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Bélè, bel air et beau serment
Du poème qui tourne à conte
Et dont le rythme ne mécompte
La prose plate du marais
Fale, falaise des aisselles
Que sueurs ravinent d'autant
Nous ne sommes sûrs que de vent
De bâton, ne frayons que laisse
Frayons mots que nous dérivons
En huit tambours de long antan
Mots qui font qu'homme bêche en boue
Et que pays souque patience
La mer remonte à tant d'enfance
Elle a pleuré sa face elle a
Tracé brousses dans Bezaudin
Équarri sable et vases fous
Fusent les dieux loueurs de houes
Étales noyés au chemin
Qui crochaient les palétuviers
Aux épyphites du bayou
Et que meurent les lis sauvages
Sous les ramiers de Balata,
La Tracée mêle en son nuage
L'eau qui piète aux boucans d'en-bas.
Édouard Glissant explique sa conception des "traces" dans les pratiques culturelles antillaises ; il esquisse quelques pas de Danmyé au son du Bèlè (extrait du portrait d'Édouard Glissant réalisé par Guy Deslauriers pour la série "Un siècle d'écrivains", France 3 / Kreol Productions, 1996).
La Gwoka : musique, chants et danses représentatifs de
l'identité guadeloupéenne. UNESCO TV, 26 novembre 2014
Séance plénière de l'UNESCO, mercredi 26 novembre 2014, inscription du Gwoka au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Déclaration de Victorin Lurel, Président du Conseil régional de Guadeloupe.
C'est certainement la notion de "trace" au sens où l'entend Édouard Glissant qui permet le plus sûrement de comprendre la nature des traditions liées au tambour antillais, à la fois le Bèlè (Martinique) et le Gwoka (Guadeloupe). La trace est à la fois survivance, en l'occurence celle des rythmes africains, et recréation dans le contexte de la culture créole et en cela, le tambour Bèlè et le tambour Gwoka, qui ont été créés au sein des Habitations esclavagistes mais aussi dans les mornes par les marrons, sont les expressions sans doute les plus directes dans la culture antillaise, d'une identité musicale forgée dans les temps de servitude et vécus comme modes de subversion et de résistance.
Les traditions du tambour antillais sont en elles-mêmes diverses, comprenant à la fois les danses qui y sont liées, le Danmyé, le Ladja, ainsi que les soirées de représentation, soirées Bèlè et Léwoz. La reconnaissance de la richesse même de ces traditions a franchi un pas considérable avec l'inscription le 26 novembre 2014 du Gwoka à la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Il importe d'y voir une reconnaissance du tambour antillais, et pas seulement guadeloupéen : Gwoka et Bèlè sont bien, au-delà des chauvinismes, le commun héritage des temps ancestraux où les esclaves ont trouvé la voie la plus vive d'expression de leur identié propre et de leur résistance à l'oppression.