C'est à la faveur d'une mise en regard avec les cas de Bordeaux oui de Nantes qu'on peut aisément remarquer la singularité du Havre, dans le rapport au passé de port négrier. La ville est encore aux
La ville du Havre, bombardée en 1944, a réussi à conserver une maison de négociants, construite en 1790. Elle témoigne d’un patrimoine et d’une classe sociale, celle de grands commerçants, enrichis par la traite négrière. Car, comme Nantes ou Bordeaux, Le Havre a un passé négrier. Dans la cité normande, l’esclavage est vu sous l’angle des commanditaires du commerce triangulaire. D’où cette impression ambivalente lors de la visite : un riche patrimoine, conservé en l’état, est le témoin en creux d’un marché honteux. À visiter notamment le 10 mai, journée commémorative de l'abolition de l'esclavage dans l'Hexagone.
Ce court reportage dresse le constat édifiant des divergences notoires qui se manifestent quant à l'appréhension du passé, entre Bordeaux et Le Havre. Le maire du Havre, Édouard Philipppe, évoque cette "gêne" de la population, face à un sujet historique encore largement tabou. Un travail de restitution de la mémoire reste donc à accomplir, sur le modèle de celui qui a été effectué à Nantes ou Bordeaux (dont les salles conscarées à la traite négrière au Musée d'Aquitaine sont encore abordées ici).
prises avec ce tabou qui longtemps a imprégné les autres grands ports négriers français. Un difficile regard, qui n'est pas une négation, car le rôle du Havre dans le dispositif du commerce triangulaire a déjà été balisé par les historiens. Mais le mouvement d'une réappropriation de cette histoire par les habitants n'est pas encore intervenu - comme l'illustre à merveille l'étrange atmosphère de non-dit qui parcourt la "Maison de l'Armateur" (voir plus loin).